Cyclorama de Jérusalem

Musée privé de l’époque du pré-cinéma, depuis 1895

Cyclorama de Jerusalem, accueil

HISTOIRE

LE CYCLORAMA DE JÉRUSALEM
a été conçu par un éminent peintre allemand de Munich, Bruno Piglhein.

Il y a déjà plus d’un siècle, Piglhein a reçu une commande de Joseph Halder, un fortuné négociant munichois, pour réaliser une grande scène panoramique représentant la Crucifixion, la ville de Jérusalem et la campagne environnante.

Après avoir étudié tout ce qui était disponible relativement à cette époque, Piglhein s’est rendu à Jérusalem accompagné de collaborateurs distingués : Josef Block, Johann Adalbert Heine et Josef Krieger. Ils y passent une année entière à prendre des photos et à étudier la topographie, l’architecture et le mode de vie des habitants.

De retour en Allemagne, ils réalisent une grande œuvre panoramique qui est par la suite exposée à Munich, à Berlin et à Vienne. Désastre, en 1892, cette œuvre brûle dans la capitale viennoise et Piglhein en est profondément affectée.

En 1887, Ernest Pierpont (1853-1903) médecin de Chicago et homme d’affaires travaillant dans la production de panoramas depuis plusieurs années, réunit d’excellents artistes-peintres en vue de la réalisation d’une autre œuvre intitulée Jérusalem au moment de la crucifixion à partir des plans et recherches de Piglhein. Pierpont, muni de la documentation de Piglhein, retient alors pour la production de cette œuvre magistrale, les services de : Oliver Dennett Grover (1861-1927) et Charles Abel Corwin (1857-1938) de Chicago, secondés par Salvador Mège (1854–1915) et Ernest Gros (né en 1859) de Paris et Edward James Austen (1850–1930) de Londres, qui ont tous contribué à la production de d’autres panoramas. 

De l’atelier américain, cette immense toile roulée est acheminée à Montréal où les visiteurs peuvent la voir de 1889 à 1895. L’attraction est installée au cœur du centre-ville au coin des rues Sainte-Catherine et Saint-Urbain, là où se trouve aujourd’hui la Place des arts. Le bâtiment est inauguré en février 1889.

Le terrain sur lequel le bâtiment est construit est loué aux Soeurs grises de Montréal qui en sont propriétaires et fait l’objet d’un bail de 9 ans. Mais après 5 ans, voyant que la compagnie américaine ne respectait pas ses engagements, elles ont mis fin au bail.

Au printemps 1895, l’avocat montréalais Ubald Plourde (1864-1939) se porte acquéreur du Cyclorama de Jérusalem. Il déménage l’œuvre roulée à Sainte-Anne-de-Beaupré, soit par bateau ou par train, juste à côté du Sanctuaire. Ubald était un jeune avocat de 31 ans et Albina avait presque 26 ans. Ils se sont établis à Sainte-Anne-de-Beaupré, sur l’avenue Royale, pas très loin de leur nouveau projet. Sa femme, Albina Laurendeau-Plourde (1869-1964) en deviendra par la suite, la seule propriétaire à partir de 1939.

Albina Laurendeau-Plourde et Ubald Plourde, propriétaires du Cyclorama, devant leur maison, Sainte-Anne-de-Beaupré.

Albina Laurendeau-Plourde et Ubald Plourde, propriétaires du Cyclorama, devant leur maison, Sainte-Anne-de-Beaupré, vers 1930.

Peu avant le déménagement, le 10 mai 1895, le bâtiment s’est effondré “sous la force du vent” rapporte un journal. Il y avait alors deux œuvres qui étaient déjà emballées pour leur départ : Jérusalem au moment de la crucifixion et Custer’s Last Stand qui dépeint la bataille de Little Bighorn. Le jeune couple a donc fait construire un nouveau bâtiment polygonal sur pilotis pour accueillir l’œuvre panoramique à Sainte-Anne-de-Beaupré.

Cyclorama de Jérusalem, Activité, Ste-Anne-de-Beaupré

CYCLORAMA DE JÉRUSALEM, Sainte-Anne-de-Beaupré, vers 1895.

Entre 1925 et 1927, Mme Laurendeau-Plourde fait construire des bâtiments annexes, dans un style byzantin, d’après les plans de l’architecte Raoul Chênevert.

En 1949, Georges-Henri Blouin, fidèle employé du Cyclorama depuis plusieurs années, obtient un accord d’acquisition avec Mme Laurendeau-Plourde. C’est à partir de 1957 que la famille Blouin en prend possession et que la corporation Cyclorama de Jérusalem Inc. est créée. La même année, le 9 décembre 1957, une section de la toiture s’effondre sous le poids de la neige, emportant avec elle une partie de la galerie d’observation et du corridor. Des travaux de consolidation du bâtiment sont entrepris sous la direction de l’ingénieur Oscar Dorval, selon les plans d’Émile-Georges Rousseau. Pour la rotonde, une nouvelle enveloppe extérieure est installée et le pavillon d’entrée est modifié. La boutique souvenir, déjà en travaux depuis l’été, est agrandie.

De mars 1958 jusqu’en septembre 1959, c’est l’artiste bulgare-polonais Christo Stefanoff (1898-1966) qui a eu le mandat de reproduire la partie endommagée de l’oeuvre. On demande aussi à l’artiste de modifier le faux terrain à l’avant-scène. En 1982, un revêtement extérieur en acier émaillé est ajouté à la rotonde, selon les plans de Louis Carrier.

Cyclorama de jérusalem, Ste-Anne-de-Beaupré, H1

CYCLORAMA DE JÉRUSALEM, Sainte-Anne-de-Beaupré, vers 1950.


En août 2017, un avis de classement est publié par le Ministère de la Culture et des Communications du Québec afin de faire reconnaître le Cyclorama en tant que bien patrimonial. Le 8 août 2019, l’œuvre, la rotonde et l’enseigne sont classés.

Le Cyclorama de Jérusalem ferme définitivement au public le 14 octobre 2018 faute de rentabilité. Depuis, un comité composé d’une dizaine de bénévoles accompagne la famille Blouin afin d’entretenir et de préserver le bâtiment, la boutique et l’œuvre.

Vous pouvez soutenir la cause du Cyclorama de Jérusalem et nous aider à préserver et conserver ce site historique en cliquant ici : Give Send Go.

Actuellement, on retrouve trois grandes scènes panoramiques représentant la Crucifixion dans le monde: Altötting en Allemagne, Einsiedeln en Suisse et Sainte-Anne-de-Beaupré au Québec, Canada.

Il reste environ une quinzaine de cycloramas datant du 19e et du début du 20e siècle dans le monde.
« Le terme cyclorama a été inventé au XVIII siècle pour désigner un spectacle visuel extraordinaire. Un panorama (ou un cyclorama comme on l’appelle dans certaines régions du monde) est une structure spécialement construite qui contient une grande peinture à 360 degrés, créant l’illusion de se tenir au milieu d’un lieu et/ou d’un événement. Grâce à ses efforts, le Conseil international du panorama s’efforce de relier le passé, le présent et l’avenir du phénomène panoramique dans le monde entier. » IPC

Cyclorama de Jérusalem-boutique. CYCLORAMA DE JÉRUSALEM, Sainte-Anne-de-Beaupré, 2016.

CYCLORAMA DE JÉRUSALEM, Sainte-Anne-de-Beaupré, 2016.